Plantes de Balogna en Corse
QUELQUES RAVAGEURS DE PLANTES
QUELQUES RAVAGEURS DE PLANTES
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Chacun sait que les animaux herbivores, tels les bovins, les ovins et de nombreux animaux sauvages sont friands de feuilles, fleurs, fruits et même de racines. Cependant nous passons, sans les voir, près de minuscules êtres vivants responsables de dégâts qui peuvent être considérables : ce sont des ravageurs.
Allons à la découverte de quelques responsables de la présence de galles, les galligènes ou cécidogènes, ainsi que d'espèces mineuses.
1 - DES GALLES
Une galle est une déformation des organes ou tissus d'une plante provoquée par la présence d'un parasite. Elle est également appelée "cécidie"
Elles sont dues à la présence de Bactéries, de Champignons, de nématodes, d'Acariens ou d'Insectes.
Ces derniers, plus fréquents, se manifestent sur les plantes de nos chemins.
Le nom corse pour une galle peut être u cociombulu o u buciombulu qui signifie kyste ou excroissance.
Galle de la bruyère arborescente ( Erica arborea ; Ericaceae (mars 4))
C'est une galle en « artichaut » placée à l'extrémité de rameaux. Elle est rouge plus ou moins rosée, apparaît au cours du mois de février et ne se forme plus en mai.
Un minuscule diptère cécidomyidae, Myricomyia mediterranea, s'y développe de l’œuf à l'adulte qui ressemble à un mini moustique.
Galle en « artichaut » Larve dégagée de la galle
Nymphe en place Nymphe dégagée de la galle
Le 16/09/2013 observation d'une galle en artichaut 3 fois plus grosse qu'au printemps et contenant une larve très peu active.
Galle sur le chêne vert (Quercus ilex ; Fagaceae (mai 20)).
Rouge vif, d'environ 1 cm de diamètre, bilatérale ( moitié au-dessus, moitié au-dessous de la feuille) la galle ne comprend qu'une seule loge avec une larve. L'observation a été faite sur une feuille de chêne vert « bonzai » le 11/05/2013, les chênes « normaux » [voir mai (20)] en sont alors dépourvus. L'hôte est un Hyménoptère cynipidae Plagiotrochus australis.
Galle ouverte montrant partiellement une nymphe Nymphe isolée.
Galle de l'ortie (Urtica atrovirens ; Urticaceae (avril 45)).
Elle est blanchâtre, jaunâtre portée par les feuilles. Le responsable est également un minuscule diptère cécidomyidae, Dasineura urticae, dont les larves jaunes se voient facilement à la loupe binoculaire.
Larves dans la galle . Une larve.
Galle de l'églantier ( Rosa canina ; Rosaceae (mai 29)).
Elle a l'aspect d'un oursin d'environ 2 cm de diamètre, son hôte est donc Diplolepis mayri. Il s'agit d'une petite guêpe, un hyménoptère cynipidae ; l'églantier peut porter également une galle de forme différente, chevelue, appelée bédégar ou barbe de saint Pierre avec D. rosae.
Galles du genêt corse (Genista corsica ; Fabaceae (avril 20)).
Elles ont un aspect de bois noueux. Celles qui ont été observées le 20/09/2013 présentent un trou par lequel l'hôte a pu s'échapper .Elles se sont formées en raison de la présence de la larve d'un apion ou charançon : Exapion fulvum de la famille des Curculionidés, de l'ordre des Coléoptères.
D'une manière générale les larves de cette famille d'insectes sont nuisibles pour les Fabacées.
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Galles du tilleul (Tilia europea ; Tiliaceae (juin 79)).
Les galles, placées sur la face supérieure des feuilles et appelées « cératonéons », sont en cornicules rouges. Elles peuvent atteindre un cm de longueur. Un acarien de quelques dixièmes de millimètre, Eriophyes tiliae, est responsable de leur apparition.
Ce lépidoptère, Ethmia terminella (Ethmidae), bien que connu comme hôte des Vipérines, a été photographié sur une feuille de Tilleul.
Photographie prise le 13/05/2013
Galles du Phylloxera.
Des galles dues à Daktulosphaira vitifoliae (Fitch), connu aussi sous le nom de Phylloxera vastatrix (Planchon), insecte hémiptère, se trouvent sur la face inférieure de limbes des feuilles d'un pied de vigne des rochers Vitis rupestris (Vitaceae) situé au lieu-dit l'Assaldinu sur la rocade. La dissection de galles sous la loupe binoculaire montre la présence d’œufs ou encore d'une femelle parthénogénétique (parthénogenèse thélytoque), de quelques jeunes et de nombreux œufs. L'office de l'environnement de la Corse, à Corte, et le Fredon de Corse confirment qu'il s'agit de la forme gallicole du Phylloxera vastatrix.
Le mot Phylloxera désigne à la fois le puceron et la maladie. Les dégâts se font par les formes de cet insecte qui vivent au niveau des racines.
La vigne des rochers
Face inférieure du limbe + galles Une galle
Galle ouverte montrant des oeufs Galle ouverte montrant une adulte + des oeufs
Les feuilles parasitées ont été coupées et brûlées.
2 - DES MINEUSES
Les espèces mineuses creusent des galeries en particulier dans les feuilles de certains végétaux dont elles se nourrissent.
1 Voici un micro diptère parasite qui s'est développé sur les feuilles du laiteron maraîcher (Sonchus oleraceus ; Asteraceae (avril 31)). Les larves creusent des galeries apparaissant en lignes sinueuses blanches sur la face supérieure. Sur la face inférieure on peut distinguer de minuscules larves. La peau laissée par les pupes (exuvie) reste en place près de l'ouverture ayant permis la sortie de l'imago (adulte). Il peut s'agir ici du diptère Chromatomyia atricornis (Agromysidae).
Face supérieure. Face inférieure. Les points noirs sont des excréments.
Exuvie Orifice de sortie de l'imago.
2 Dans la feuille de Bardane, Arctium minus ; Asteraceae (juin 5), les larves d'un petit diptère creusent des galeries. Il s'agit d'un Agromyzidae, le Phytomyza lappae dont la présence se signale sur la face supérieure par des lignes sinueuses blanches. La face inférieure ne montre la galerie que si l'on utilise un fort éclairage par le dessus de la feuille. La nymphe se développe hors des galeries qui ne contiennent donc pas d'exuvies.
La feuille porte souvent plusieurs larves.
3 Au début du mois de juillet 2024 la mineuse du citronnier a été observée sur quelques feuilles rapidement éliminées, du citronnier présent dans mon jardin. Le parasite est un papillon Phyllocnistis citrella (Lepidoptera). La photographie de gauche montre la face supérieur d'une feuille, celle de droite la face inférieure.
4 Venue d'Amérique du sud une autre mineuse, Tuta absoluta (Lépidoptères), cause de gros dégâts sur les feuilles de tomates. Elle a été signalée en Corse en 2008 ; elle est absente de Balogna.
3 - AUTRES NUISIBLES
Metcalfa pruinosa, appelée "Cicadelle pruineuse ou C. blanche" est en fait un Hémiptère, le Fulgoride, de la sous famille des Flatines. D'origine américaine il fut "importé" en Italie en 1979 et arriva en Corse en 1992. Les plantes parasitées semblent couvertes de coton. L'insecte se nourrit de sève élaborée. Larves, nymphes et adultes exsudent un miellat qui attirent les abeilles, mais ce produit sur lequel se développe un champignon noirâtre, la fumagine, cause des dégâts dans les cultures. Le Fulgoride peut être éliminé par pulvérisation de savon noir (il existe un parasite naturel, une petite guêpe, également originaire d' Amérique du nord, mais qui n'est pas arrivé en Europe). Ne pas utiliser d'insecticide qui serait néfaste pour les abeilles.
Les photographies présentent deux adultes sur un figuier, et une nymphe sur un plantain lancéolé.
2 adultes
une nymphe
Les hôtes sont multiples, un pommier, un citronnier, des rosiers sont parasités, mais la lavande, l'hortensia et le romarin en sont dépourvus.
Complément concernant les galles suivi d'une esquisse concernant la lutte biologique
Les exemples de galles présentés plus haut ne donnent qu'un très faible aperçu des agents responsables de l'apparition de ces excroissances.
Voici un complément, modeste car il y a beaucoup plus de parasites produisant la formation de galles, dans lequel les parasites sont regroupés en 3 types selon que les galles sont dues à la présence de bactéries (bactériocécidies), de champignons (mycocécidies) ou encore d'animaux (zoocécidies).
Bactériocécidies
- nodosités des Fabacées : Rhyzobium leguminosarum ;
- galle du collet ou crown-gall sur tomate et abricotier : Agrobacterium tumefasciens ;
- galle de l'olivier: Bacillus oleae = Pseudomonas savastanoi ;
- hernie du chou : Plasmodiophora brassicae.
Mycocécidies
- galle du poirier et du genévrier : Gymnosporangium sabinae (Basidiomycètes) ;
- galle du rhododendron : Exobasidium rhododendri (Basidiomycètes) ;
- tache goudronneuse sur l'érable : Rhytisma acerinum (Ascomycètes) ;
- rouille noire : Puccinia graminis (Basidiomycètes) sur l'épine-vinette (les écidiospores se développent sur des poacées pour boucler le cycle) ;
- fructifications de Uromyces chenopodii (Basidiomycètes) sur feuilles de la soude ligneuse Suaeda vera (chénopodiacées).
Zoocécidies
1 dues aux acariens (acarocécidies). Les parasites sont dégénérés, vermiformes à deux paires de pattes.
- du platane : Eriophyes psilomerus provoque la formation de poils hypertrophiés sur la face inférieure des feuilles ;
- du tilleul, galles cornues (cératonéons) : Eriophyes tiliae ;
- de l'aulne : petites galles dues à Eriophyes inangulis ;
- du frêne : Eriophyes fraxinivorus ;
- du prunellier : Eriophyes similis ;
- du dactyle aggloméré : Eriophyes tenuis ;
- de l'érable : Aceria macrorhyncha cephalonea ;
- de la menthe aquatique : aceria megacerus :
- du peuplier, galle en chou-fleur : Aceria populi ;
- du chêne vert : Aceria ilicis ;
- de la pimprenelle : Aceria sanguisorbae.
2 dues aux nématodes
- galles des racines noueuses du concombre : anguillule Meloidogyne.
3 dues aux insectes
A) Hémiptères :
a) Aphodoïdes (pucerons)
- galles en ananas sur épicéas et sapins : Adelges abietis ;
- galles en tire-bouchon du peuplier : Pemphigus spirotechae.
Ce parasite est lui-même parasité (hyperparasitisme) par les diptères symphides Heringia heringi et Pipiza festiva.
- galles en bourse . du peuplier : Pemphigus bursarius ;
. de l'orme : Byrsococryta ulmi ;
- galles réniformes du pistachier lentisque : Anopleura lentisci ;
- galles rouges du pommier : Disophis devecta.
b) Psylloïdes
- sur le laurier-sauce : Trioza alacris (2 ou 3 générations de mai à septembre) ;
- sur gaillet croisette : Trioza galii.
B) Diptères cécidomyiides
- sur poirier les poires calebassées, qui tombent rapidement sur le sol : Conturinia pyrivora :
- galles foliaires du laiteron : Cystophora ;
du peuplier : Harmandia ;
sur le peuplier tremble : H.tremula, H.globuli, H.cavernosa ;
- galles du pétiole du peuplier : Contarinia petioli ;
- galles du hêtre : Mikiola fagi (en citron) ;
Artigiola annulipes (velues) ;
- galles de la ronce : Lasioptera rubi ;
- galles de la violette odorante : Dasineura odorata ;
- galles de l'ortie : Dasineura urticae ;
- galles de la carotte : Kiefferia pericarpiicola sur les fruits ;
Lasiotera carophila à la base de l'ombelle ;
- galles en artichauts : sur l'if : Taxomyia taxi ;
sur la bruyère arborescente : Myricomyia mediterranea ;
- galles de la tige rampante de Cynodon dactylon : Lasiops latifrons.
C-Hyménoptères
a) tenthrèdinides
- galles du saule au niveau des feuilles : galles poilues Pontiana pedunculi ;
galles allongées Pontania vesicator ;
au niveau de la tige ; Euura amerinae ;
- galles de la fougère femelle : Chirosia betuleti.
b) cynipides
- galles du coquelicot, fruits hypertrophiés:Helax papaveris ;
- galles du chêne, bille de bois:Andricus kollari ;
- galles de la ronce : Diastrophus rubi ;
- galles de lampsane : Trinaspis lampsanae ;
- galles de porcelle enracinée : Phanacis hypochoeridis ;
- galles de l'églantier : Diplolepis rosae (bédégar) ;
Diplolepis mayri ;
- galles du châtaignier, en Corse depuis 2010 : Dryocosmus kuriphilus.
Une lutte biologique est possible par un torymide hyperparasite Torimus sinensis. D'autres cynips, appelés également cynips locataires, pratiquent l'hyper-parasitisme.
D'une manière générale les luttes biologiques sont réalisées à l'aide soit de substances toxiques d'origine biologique (comme Bacillus thuringiensis), soit d'hyperparasites (vivant aux dépens d'un parasite). Ces pratiques permettent de ne pas utiliser de pesticides ou d'herbicides.
Le schéma suivant montre les relations qui existent entre le parasite, celui qui cause des dommages à la plante, et l'hyperparasite qui le détruit.
En guise d'exemple rappelons que la « Mouche de l’olive » ( Bactrocera oleae ; Diptères ) est un parasite qui pond ses œufs dans les olives et les rend impropres à la production d’huile. Il existe un ennemi naturel, une petite guêpe, l’ « Eupelmus urozonus ; ( Hyménoptères) » qui passe une partie de sa vie sur l’Inule visqueuse = a Pecita (Dittrichia viscosa ; Astéracées) où elle parasite une autre petite mouche ; au début du printemps elle vient pondre dans l'olive près des larves ou des pupes ( nymphes ) de la Mouche. Elles sont détruites par les larves de l'hyménoptère, qui est donc un hyperparasite (ou parasitoïde). La culture de la plante à proximité des Oliviers est un excellent moyen pour combattre le parasite des olives.
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